Air France : la reprise des vols vers l’Afrique, un danger pour les populations
18 mai 2020La compagnie aérienne Air France veut reprendre ses vols vers l’Afrique à compter du 3 juin 2020. Cette décision prise unilatéralement, sans autorisation préalable des dirigeants africains des pays concernés, alors que la crise du Coronavirus (COVID-19) est toujours en cours, constitue vraisemblablement un danger pour les populations.
Déconfinement n’est pas décontamination. C’est ce que feignent d’ignorer les responsables de la compagnie Air France qui reprend bientôt ses vols vers l’Afrique.
C’est une situation frustrante, alors que la pandémie de COVID-19 continue de faire des ravages sur presque toute la planète. C’est la compagnie Air France qui décide, seule, de la date d’ouverture de l’espace aérien vers l’Afrique !
À ce qu’on sache, ce sont les dirigeants africains qui décideront de cette ouverture, à une date qui leur conviendra, eu égard à l’évolution de cette pandémie dans leurs pays respectifs. Oublie-t-on que c’est de l’Europe que cette pandémie est importée en Afrique ?
Les pays africains ne sont pas des départements français. Les Africains sont attachés à leur souveraineté pleine et entière. L’annonce unilatérale du programme de reprise des vols par Air France vers l’Afrique ne peut que heurter leur conscience d’hommes libres et indépendants.
Pourquoi la compagnie Air France n’a-t-elle pas arrêté unilatéralement son programme des vols vers l’Asie et les USA, mais c’est en Afrique seulement qu’elle l’établit précocement ?
C’est parce qu’Air France est au bord du gouffre à cause de cette pandémie. Air France, dont l’économie dépend en grande partie de ses vols vers l’Afrique, va donc se servir du continent noir comme point d’appui commercial pour se relever.
La santé des Africains d’abord
On espère, en tout cas, que les dirigeants africains n’accepteront pas ce diktat d’Air France et auront à cœur le risque énorme que cette reprise précoce fait courir aux populations, car la pandémie de COVID-19 est encore présente en France et ne peut pas disparaitre dans moins d’un mois.
Et, depuis le début du déconfinement, 25 clusters (foyers de contagion) y sont identifiés. Les voyageurs, qui iront donc de la France vers l’Afrique, risquent d’y faire monter le nombre des personnes infectées et celui des décès.
De plus, l’Afrique n’a pas les moyens nécessaires pour faire face à cette pandémie. Seules les mesures de prévention sont mises en œuvre. Et donc, accepter précocement ce programme des vols d’Air France vers l’Afrique, c’est exposer dangereusement les populations.
Lorsque la catastrophe sanitaire « souhaitée» arrivera, une campagne médiatique immodérée de dénigrement va être lancée : diffuser, à longueur de journée, dans leurs chaînes de télévision (outils de propagande), les images des malades africains couchés dans leurs lits d’hôpital (en phase avancée ou terminale), sans même flouter leurs visages.
Ce qu’ils ne font pas en Europe, parce qu’ils respectent les droits de leurs malades. En Afrique, tout leur est permis. Ce qui est étonnant, la France prévoit que les voyageurs, qui viendront hors de l’Union Européenne (UE), seront mis d’office en quarantaine, notamment ceux en provenance d ‘Afrique.
Aux dirigeants africains de saisir le message et de prendre leurs responsabilités : pas de reprise des vols d’Air France vers l’Afrique sans l’avis des pays concernés. Si les Chefs d’État africains laissent faire, il faut que les populations, elles-mêmes, haussent le ton contre cette arrogance française. La santé des Africains d’abord, parce qu’elle vaut plus que le commerce d’Air France.
À quoi sert d’être président en Afrique si l’on ne peut pas défendre la souveraineté de son État et protéger son peuple contre l’influence d’un autre État ? À quoi valent même les mots qu’on prononce lors de la prestation de serment en jurant sur la Constitution ? Est-ce pour servir les intérêts de la France au détriment de son peuple pour lequel on a pourtant juré de servir loyalement ?
« Le corbeau et le renard »
Bien que le système de santé de la France soit fragile et n’a pas réussi à épargner son peuple de cette COVID-19 qui a fait tant de morts dans le pays (le dernier bilan rapporte 28.108 morts, selon le ministère de la Santé), elle se permet tout de même de promettre une importante somme d’argent pour aider l’Afrique contre ce virus, au lieu de s’occuper d’abord de son peuple.
Que des promesses alléchantes pour l’Afrique ! Que l’on ne s’y méprenne pas : c’est l’une des façons insidieuses de préparer le terrain aux investisseurs français en Afrique, en l’occurrence Air France qui veut retrouver ses liaisons lucratives vers l’Afrique.
Il faut bien amadouer les dirigeants africains pour qu’ils lui ouvrent leurs frontières même si la pandémie est loin d’être endiguée en France. Tout est calcul politique. Comme dit Jean de La Fontaine dans sa célèbre fable « Le Corbeau et le Renard » : « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ».
L’Afrique demeurera toujours le Corbeau pour son Renard la France, dont l’économie dépend largement de ce continent d’opportunités.
Par Robert Kongo, correspondant en France