Kasaï Oriental-Atteinte à la liberté de la presse : JED exprime ses inquiétudes au gouverneur Jean Maweja

Kasaï Oriental-Atteinte à la liberté de la presse : JED exprime ses inquiétudes au gouverneur Jean Maweja

23 mai 2020 0 Par Rédaction

Le chef de l’exécutif provincial du Kasaï Oriental, Jean Maweja Muteba, est appelé à favoriser un meilleur climat de travail pour les journalistes dans sa juridiction.

Dans sa lettre du 19 mai 2020, Journaliste en Danger (JED), une organisation non gouvernementale de défense et de promotion de la liberté de la presse, attire l’attention du gouverneur, en sa qualité de garant des droits et libertés publiques dans cette province, sur la multiplication, depuis quelques semaines, des cas d’attaques et des violences contre les journalistes œuvrant à Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental.

Dans cette correspondance dont les copies ont été distribuées à la presse, JED sollicite l’ implication personnelle de Jean Maweja Muteba pour faire baisser la tension et favoriser un meilleur climat de travail pour les journalistes, victimes de plusieurs abus de pouvoir.

Victimes de menaces et d’intimidations

Slon des informations recoupées par JED, en l’espace d’une semaine, plusieurs journalistes de Mbuji-Mayi ont été victimes de menaces, d’agressions physiques ou d’interpellations plus ou moins arbitraires, constitutives des atteintes à la liberté de l’information.

Dans sa lettre au gouverneur, JED relève les cas de Faustin Mbiya, directeur de la Radio Fondation Daniel Madimba (FDM), qui a été détenu pendant quatre jours, successivement au commissariat provincial de la Police nationale congolaise et au Parquet général de Mbuji Mayi, pour des motifs qui variaient selon les instructeurs de son dossier.

Il a recouvré sa liberté le 13 mai 2020, après paiement d’une caution de 300.000 Francs congolais.

Faustin Mbiya a été arrêté, le samedi 9 mai 2020, au poste de péage du pont Lubilanji, par un groupe de policiers alors qu’il venait de réaliser une émission à la cité de Tshilenge.

Il a été conduit au commissariat provincial de la police où il a été accusé de ne « pas respecter les mesures barrières prises dans le cadre de la lutte contre la COVID-19« .

Selon la police, le journaliste s’est fait transporter avec deux autres passagers sur une même moto.

Le deuxième jour de sa détention, l’instructeur de son dossier a changé de version, en révélant au journaliste qu’il était poursuivi pour « outrage à l’autorité provinciale ».

Le lendemain, le journaliste a été informé, par la même personne, que l’infraction mise à sa charge était, plutôt, la « propagation des faux bruits », notamment au cours de son émission intitulée « Rapport parlementaire », où le journaliste a dénoncé l’agression dont ont été l’objet, la veille de son interpellation, deux journalistes de son média.

Faustin Mbiya a été acheminé, le mardi 12 mai 2020, au Parquet général de Mbuji Mayi. où il a été poursuivi pour « Atteinte à la sureté de l’État ». Au Parquet, le journaliste a été entendu sur procès verbal autour de la diffusion de son émission.

Contacté par JED, Faustin Mbiya a déclaré : « Quand j’étais en détention au quartier général de la police, un Colonel m’a révélé que le plaignant c’est le Gouverneur de province. C’est lui donc qui m’a mis dans cette situation. Je ne comprends plus rien du tout. Le motif de ma détention change du jour au jour ».

L’organisation a fait aussi état de Serge Kayeya et Jean Baptiste, journalistes-reporters à la Radio Fondation Daniel Madimba, qui ont été agressés et battus par des agents de la Direction Générale des Recettes commis au péage du pont Lubilanji et qui se présentaient comme des proches du gouverneur.

Leur matériel de travail a été confisqué et endommagé. « Ces deux journalistes, note JED, ont été accusés de travailler dans un média hostile au Gouverneur« .

Acharnement !

Pour avoir dénoncé cette agression, Christine Tshibuyi, journaliste à actualité.cd, un média en ligne basé à Kinshasa, a échappé, la nuit du samedi 9 mai 2020, à un enlèvement.

JED relève que la journaliste a été prise en filature vers 23 h00 par quatre hommes armés, et en tenue militaire.

Ses poursuivants, après l’avoir rattrapée, lui ont proféré des menaces en l’accusant de “manquer du respect à leur chef ” sans préciser exactement l’objet de leur grief contre la journaliste.

Le même jour, la cellule de communication du cabinet du gouverneur du Kasaï Oriental avait publié un communiqué mettant en cause la journaliste Christine Tshibuyi pour son article dénonçant l’agression de ces deux journalistes.

« En tenant compte de ces exemples ci-dessus qui constituent des atteintes à la liberté de l’information, Journaliste en danger sollicite l’ implication personnelle pour faire cesser cette escalade qui risque de porter atteinte à l’ image et à celle de la province du Kasaï Oriental en matière des droits de l’homme en général, et de la liberté de la presse en particulier », a conclu JED dans sa lettre dont copies ont été réservées, notamment, au vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, et au ministre de la Communication et Médias.

GK