Procès Programme de 100 jours : Vital Kamerhe et Jammal Samith nient les détournements

Procès Programme de 100 jours : Vital Kamerhe et Jammal Samith nient les détournements

25 mai 2020 0 Par Rédaction

Dans l’affaire à Vital Kamerhe et consorts, le directeur de cabinet du Chef de l’Etat rejette tout sur l’ancien ministre Bitakwira, et l’homme d’affaires libanais parle de jalousie.

Le procès sur le détournement de l’agent destiné au programme de 100 de Félix Tshisekedi s’annonce palpitant. Le Lundi 25 mai 2020, les parties se sont livrées une véritable bataille des fauves à la Prison centrale de Makala.

Dans cette affaire instruite en chambre foraine par le tribunal de Grande instance de Kinshasa/Gombe, l’homme d’affaires Jammal Samith a déclaré aux juges que le fait de disposer de l’argent comme il le veut pour réaliser le marché qui lui a été confié n’est pas assimilable à un détournement. Quant à son coaccusé Vital Kamerhe, il a eu plutôt tendendance à poser des questions aux juges, en soutenant que c’est l’ancien ministre du Développement rural qui avait signé le contrat avec la société SAMIBO.

Il a dit à ce sujet : « Concernant le premier marché, ce n’est pas moi qui avais choisi la société SAMIBO, mais le ministre du Développement rural qui assurait les affaires courantes. En avril 2018, Vital Kamerhe n’était pas là, c’était Bitakwira. En avril 2019, ce n’est pas moi qui ai signé, c’est encore Bitakwira et Jammal. Le 10 janvier 2019, c’est encore Bitakwira qui a signé. Nous ne pouvons pas donc assumer les engagements des autres ».

A la question du tribunal de savoir comment M. Jammal reçu l’argent jusqu’au 18 mai 2019 dans le cadre de passation des marchés publics, et pourquoi le paiement n’a pqs attendu l’avenant, Vital Kamerhe a répondu : « Ce sont le ministre des Finances et le directeur de la Banque centrale du Congo qui doivent répondre à cette préoccupation ». Il a ajouté que c’est le gouvernement Tshibala qui a choisi cette société.

Lorsque le juge a demandé : « L’avenant n’avait pas été accepté ar la Direction de passation des marchés ; pensez-vous que le contrat était régulier ? ». Le prévenu Kamerhe a répondu : « Comment pouvais-je prendre au sérieux ce genre de déclarations ? Opposez-moi vos écrits, je vais vous opposer les écrits des autres ».

Prenant la parole, le Ministère public a dit au tribunal : « Que le prévenu vous réponde avec précision, au lieu de s’étendre en longueur ». Cela avant de demander au prévenu : « Qui présidait le comité de supervision ? ». Réponse du prévenu : « C’est la Présidence de la République, par le biais de son directeur de cabinet ».

Lorsque l’organe de la loi a voulu savoir si le ministre Bitakwira avait été invité dans la réunion de ce comité, Vital Kamerhe a ainsi réagi à l’endroit des juges : « Comment le Ministère public devient-il un alié de Bitakwira ? Dans ce premier contrat, je n’ai rien signé qui puisse m’engager ». Saisissant la balle qu bond, un avocat de la défense a lancé que le Ministère public aurait dû instruire à charge et à décharge.

Cet avocat du collectif de la défense de Vital Kamerhe a déclaré au tribunal que Bitakwira a contredit ses propres écrits. Au comité de supervision, c’est le Ministère qui était invité, il a été représenté par son secrétaire général. Il a fait remarquer que dans un premier temps, il y a eu la réticence de la Direction générale de passation des marchés publics, et c’est Bitakwira qui a donné l’autorisation à cet avenant.

Marchés passés sous le gouvernement Tshibala

Son tour venu, un avocat de la partie civile a fait remarquer au tribunal que l’avenant n’est pas daté. Le contrat est du 2 avril 2018, ce qui n’est pas le cas pour l’avenant. Et lui de relever à l’intention du tribunal : « Et il vous dit que c’est le contrat de Bitakwira qui a reçu l’avis de non objection sous le Premier ministre intérimaire She Okitundu ! ».

Exhibant une correspondance, l’avocat de la République a fait remarquer que le 11 mars 2019, en sa qualité de superviseur, coordonnateur et chef de cabinet du Chef de l’Etat, M. Vital Kamerhe a donné cette instruction : « Je vous demande d’accepter tous les marchés gré-à-gré ». Et le prévenu de rétorquer : « Pendant longtemps, l’Etat congolais a tué les opérateurs économiques. Vous devez nous féliciter de voir que pour une fois la République a honoré ses engagements ».

Le succédant, un avocat de la défense s’est ainsi adressé au tribunal : « Que le Minisère public nous explique par quel mécanisme M. Kamerhe a détourné l’argent remis à M. Jammal. Vital Kamerhe n’est intervenu ni en amont ni en aval.

Quant à Vital Kamerhe, il a soutenu que la loi autorise les marchés gré-à-gré en cas d’urgence.

Il sied de noter qu’à l’ouverture de l’audience, c’est le Libanais Jammal Samith qui a d’abord été entendu. Appelé à la barre, il s’est vanté d’avoir construit des maisons préfabriquées de luxe au camp militaire Tshatshi. Pour lui, il n’ya pas eu détournement du moment que les matériaux qu’il a commandés sont bloqués un peu partout, en Angola comme à Dar es-Salam.

S’agissant du montant de 57 millons de dollars qu’il a perçu et qu’il s’est mis à virer dans d’autres comptes, il a argué qu’il a beaucoup de sociétés, sont chacune à une mission spécifique.

Quant au prix d’une maison, il a dit que les diffèrent d’un modèle à l’autre. L’un de ses avocats a dit aux juges qu’il ne faut pas faire passer M. Jammal pour un faussaire, le marché ayant été passé entre la société SAMIBO et l’Etat congolais. Tout au long de l’instruction, le prévenu n’a cessé de clamer : « Je commerçant, il y a une jalousie contre moi ».

Au cours de cette journée, le tribunal ayant constaté que l’on commençait de naviguer à vue, a suspendu les débats afin que l’on puisse appeler plusieurs témoins cités par les parties. Parmi ces témoins, il y a l’ancien ministre Bitakwira, Mme Amida Shatur, les membre de la famille Jammal, le secrétaire général au Ministère du Développement rural, le gouverneur de la Banque centrale du Congo, les ministres des Finances et du Budget, le ministre des TPIR, le directeur de cabinet du conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, le commandant de la Garde républicaine, le responsable de la SNCC.

Mais la défense de Vital Kamerhe s’est soulevée contre la comparution d’Amida Shatur, au motif qu’on appelle les témoins en fonction de l’instruction qui vient de s dérouler. L’organe de la loi a rétorqué que tous ces témoins avaient déjà été entendus sous PV au Parquet. Il a ajouté que l’instruction continue au Parquet, qui peut déferer tout autre prévenu devant le tribunal au cours de ce procès.

Sur ce, l’audience a été renvoyée au mercredi 3 juin 2020 pour l’audition des témoins.

Par D. Mupompa