La Covid-19 ne doit pas nous faire oublier les massacres endémiques en RDC, rappelle Denis Mukwege

La Covid-19 ne doit pas nous faire oublier les massacres endémiques en RDC, rappelle Denis Mukwege

31 mai 2020 0 Par Rédaction

La crise du Covid-19 ne doit pas nous faire oublier les atrocités qui se poursuivent à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) dans l’indifférence, a fait savoir le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018 et médecin directeur de l’hôpital de Panzi, établissement médical spécialisé dans la prise en charge des femmes et filles victimes des violences sexuelles.

Dans son communiqué publié sur le site web de la Fondation Panzi, ONG dont il est Président du Conseil d’administration, Dr Denis Mukwege pense que la population du Kivu ne doit pas oublier l’instabilité et la crise sécuritaire qui s’aggrave dans des nombreuses régions de l’Est du pays.

Il regrette de constater que les massacres sur les populations civiles déjà traumatisées par plus de 20 ans de cycles de violences et de conflits se poursuivent comme de simples faits divers, et passent encore davantage sous silence dans le contexte de la crise sanitaire de covid-19.

« Nous condamnons fermement les tueries et les actes de violence extrême commis ces derniers mois dans la Province de l’Ituri, notamment dans les Territoires de Djugu et de Mahagi », tance Mukwege.

Le prix Nobel de la paix 2018 fait état des massacres et pillages qui se sont succédé depuis le début de l’année où la population fait face à une vague de violence particulièrement odieuse et brutale.

« Chaque jour, des civils innocents sont décapités, des femmes sont violées, des villages sont incendiés, entrainant des déplacements massifs de la population », s’indigne -t-il. Allusion faite aux violences en Ituri.

Grand Kivu dans l’insécurité

Au Nord Kivu, Dr Denis Mukwege dénonce l’insécurité entretenue par  des milices en commettant des exactions dans l’impunité.

Le « réparateur des femmes » s’indigne aussi de l’insécurité au Sud-Kivu où les armées rwandaises et burundaises se battent par groupes armés interposés dans les hauts-plateaux de Minembwe, détruisant tout sur leur passage.

Dans le Tanganyika, le prix Nobel de la paix 2018 dénonce la présence des tropes zambiens qui, jusque-là, avaient entretenu de bonnes relations de voisinage avec la R.DC, à l’instar de voisins de l’Est. Pour lui, l’instabilité et les massacres à répétition ne peuvent rester sans réponse.

Face au Covid-19, le gouvernement a montré qu’il peut faire preuve de volonté politique, et prendre les mesures de prévention qui s’imposent, et ainsi sauver des vies, a déclaré Mukwege.

Exhumer le rapport mapping

Selon le prix Nobel de la paix 2018, il y a urgence pour que les autorités prennent les mesures pour éradiquer l’insécurité dans la partie est du pays.

Les solutions existent. Elles ont été listées dans les recommandations du Rapport Mapping du Haut-Commissariat des Nations Unies, publié il y a 10 ans : établissement d’un tribunal international pénal pour la RDC et/ou de chambres spécialisées mixtes, mécanismes d’établissement de la vérité, programmes de réparation et réforme profonde des secteurs de la sécurité et de la justice.

Pour lui, le temps est venu de déterrer le Rapport Mapping car, les victimes d’aujourd’hui et d’hier ont droit à la justice, à la vérité, à des réparations et à des garanties de non renouvellement face à ces atrocités qui doivent interpeller toute l’humanité

Denis Mukwege appelle les autorités congolaises et la communauté internationale à prendre des actions fortes afin de mettre fin aux violences qui secouent les pays dans sa partie est.

 GK