Procès 100 jours : réactions après le réquisitoire du Ministère public
12 juin 2020La 4e audience du procès 100 jours opposant le directeur de cabinet du chef de l’État, Vital Kamerhe, et consorts à la République démocratique du Congo (RDC), a été passionnante. Comme d’ailleurs les trois autres.
Réservée à la plaidoirie, elle a, comme il fallait s’y attendre, s’est terminée par la demande d’acquittement sollicitée par les trois prévenus. Vital Kamerhe, Samy Jammal, l’homme d’affaires libanais, et Jeannot Muhima, le chargé du Transport et import au niveau de la Présidence de la République, ont continué de clamer leur innocence, soutenus leurs conseils respectifs.
En effet, pour la défense et ses clients, aucune preuve matérielle ne confirme les charges de détournement de deniers publics, de blanchiment des capitaux et de corruption retenues contre les prévenus. Qu’à cela ne tienne, le verdict, attendu le samedi 20 juin prochain, fixera leur sort.
Réactions
Les Congolais, qui suivent ce procès radio-télévisé retransmis en direct à la RTNC ont des avis partagés les peines de servitude pénale, de travaux forcés et autres infligés par l’organe de la loi aux prévenus. Notamment de 20 ans, 15 ans et de remboursement des sommes détournées ainsi que de paiement des dommages et intérêts.
« De toute façon, il s’agit d’un procès historique et révélateur de la manière dont est gérée la République« , fait remarquer un Kinois, content du déroulement de ce procès. Et de poursuivre : » Depuis que je suis né il y a 53 ans, je n’ai jamais entendu parler ou suivi le déroulement d’un tel procès dans lequel une haute personnalité du pays est jugée publiquement ». Quoiqu’il en soit, il se dit confiant en la justice. « C’est celle-ci qui élève une Nation« , a-t-il renchéri.
Un Congolais du Kongo Central, bloqué à Kinshasa suite au confinement de cette ville dû au Coronavirus, pour sa part, se réjouit de ce procès. Suivant « religieusement » le déroulement de celui-ci, sans être juriste, il note pourtant que « Vital Kamerhe a commis beaucoup d’erreurs dans son implication dans l’exécution du Programme d’urgence de 100 premiers jours du président de la République à la tête du pays. Comment a-t-il pu confier beaucoup d’argent à une société qui n’existe que de nom, sans aucun contrat. sans document ? En tout cas, comme le qualifie la partie civile, il s’agit d’un ‘détournement intellectuel‘ « , réagit-il.
Pour lui, la condamnation du directeur de cabinet et ses co-accusés est en vue, entre autres, « pour avoir menti au tribunal de n’avoir pas connu le chargé du dédouanement Muhima avant le procès. Alors que, dans certaines de ses correspondances à l’intéressé, il le nomme simplement Jeannot pour montrer qu’ils sont familiers« .
Et de conclure : » Il faut que la justice fasse son travail pour mettre hors d’état de nuire tous les fossoyeurs du Programme 100 jours« .
Quant à un autre Kinois, il est pour l’innocence du prévenu Kamerhe. « À mon avis, Vital Kamerhe n’y est pour rien. En ce qui concerne l’argent, ce sont d’autres personnes qui doivent assumer la responsabilité de sa gestion. Pourquoi toutes les charges devraient-elles être retenues contre lui, surtout que la partie civile a été incapable de brandir les preuves ? »
Olivier Dioso