60 ans d’indépendance : la population de l’Est de la RDC demande à Tshisekedi de lui garantir la paix
30 juin 2020Les signaux de la situation sécuritaire dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, en particulier, et l’Est. de la République démocratique du Congo(RDC) en général, demeurent au rouges en dépit de promesses faites par Kinshasa ou des efforts mis en oeuvre depuis quelques décennies.
Les forces vives de cette région qui peignent ce tableau sombre regrettent que, malgré les régimes politiques qui se sont succédé depuis l’accession du pays à l’indépendance en 1960, l’Est de la RDC n’a jamais connu un havre de paix. Les civils sont massacrés, des femmes violées, des richesses du pays bradées au cours de diverses expéditions auxquelles se sont livré des milices nationales ou étrangères.
Ce mardi 30 juin, les 60 ans d’anniversaire de l’accession du Congo à l’indépendance semblent passer inaperçus dans la mesure où les populations continuent de réclamer leur sécurité auprès des autorités congolaises
Pour la présidente à l’intérim de la Société civile de l’Ituri, c’est « dans le sang que la fête de l’indépendance va se fêter » dans nombreux territoires de cette province. Mamdame Noëlla Nyaloka accuse les dirigeants actuels de n’avoir pas fait assez pour sécuriser les Congolais de l’Est. Elle évoque une « mauvaise foi ».
« La société civile constate la mauvaise volonté manifeste des autorités de ne pas vouloir mettre fin à la calamité que vit l’Ituri et s’interroge sur la promesse du chef de l’État selon laquelle il ne sera président que l’orque la paix sera totale« , dit-elle, estimant que la population de l’Ituri n’a toujours pas joui de cette indépendance.
De son côté, c’est son homologue du Nord-Kivu qui s’interroge sur le sort que les générations post-indépendance ont réservé au sacrifice de Patrice Emery Lumumba et ses pairs.
Dans une analyse faite ce 30 juin, Edgar Mateso, vice-président de la société civile, se plaint de la situation actuelle du Congolais.
« 60 ans d’indépendance, 60 ans d’opprobre de la nation. Hommages aux héros et aux martyrs!« , a-t-il relativisé.
« En ce jour solennel où la RDC commémore 60 ans de son accession à l’indépendance, hommages mérités au Héros Patrice Emery Lumumba et ses compagnons de lutte pour leur sacrifice. Je m’imagine qu’ils ressuscitent et essayent de jeter un regard sur la sécurité du pays : des morts sans sépulture, des massacres des civils au Nord-Kivu et Ituri en toute impunité, des villages entiers complètement abandonnés aux groupes armés locaux et étrangers. Pourtant avec une armée qui, malgré l’appui de ses prothèses MONUSCO servant des béquilles, reste active sans en finir. Par faiblesse? Non! Des compatriotes qui se sacrifices sont sacrifiés : solde de misère, infiltrations outre passants, manque de volonté politique donnant ainsi l’impression d’une expression d’impuissance. Comment fêter l’indépendance lorsque pour chasser un bandit au pays il faut recourir au colon !
« Je m’imagine qu’ils ressuscitent et visitent le secteur de l’éducation : le sanctuaire du savoir profané chaque année …, chemin obligé pour tout congolais à vocation de prise de responsabilité, chemin abandonné aussitôt objectif atteint (… ) Des guides aux visages défigurés par les crachats de ceux qui s’en sont servi (…) Le budget réservé à l’enseignement correspond à celui réservé à alimentation du pigeon du Chef. Comment fêter l’indépendance quand pour l’éducation de nos propres enfants il faut toujours tendre la main vers les colons? Je m’imagine qu’ils ressuscitent et visitent un jour le secteur de la santé où les donneurs et conservateurs des vies sont restés des oubliés pour compte. Des épidémies ça et là, même pour des maladies évitables, témoignent d’une politique sanitaire complètement délabrée. Des grèves successives pour les sauveurs de vie (…) Une opprobre pour toute une nation. Comment fêter l’indépendance quand même pour construire un dispensaire et payer son personnel il faut recourir au colon?
« Je m’imagine qu’ils ressuscitent se dirigent à la présidence, au parlement, à la Primature, aux cours et tribunaux (… )De quoi seraient-ils pas scandalisés d’assister aux rings des box sans gants ni Dodjo, des débats stériles, des promesses fallacieuses, des détournements du dénier public, des corruptions, de l’achat d’un siège au Parlement (…) Comment fêter l’indépendance quand on est incapable d’organiser ses propres élections et d’assoir une politique pour son peuple ? Je m’imagine qu’ils ressuscitent et se retrouvent dans un pays sans routes,… Des compatriotes sont incapables de voyager à l’intérieur de leur propre pays faute des voies de communication … Comment fêter l’indépendance quand même pour construire un sentiment qui mène aux toilettes il faut recourir au colon ?
« Je m’imagine qu’ils ressuscitent et remarquent que, 60 ans après leur lutte, le pays importe le riz, le Kaunga, les peaux d’animaux, les têtes de chèvres, des rats boucanés, des arrêtes des poissons (…,) malgré ses terres arables, son pâturage verdoyant et ses lacs et rivières les plus poissonneux du monde. Comment fêter l’indépendance quand c’est le colon qui continue à offrir à manger à nos enfants ?
« Autant de secteur vital, autant d’humiliation. 60 ans de honte et d’humiliation pour ma RDC indépendante« , s’est-il exprimé dans une tribune publiée en marge de l’anniversaire de 60 ans d’indépendance de la RDC.
Charles Mapinduzi Bin Kisatiro