Kamerhe : un baromètre pour tester l’État de droit ?

Kamerhe : un baromètre pour tester l’État de droit ?

21 août 2020 0 Par Rédaction

Ce vendredi 21 août, le procès en appel de Vital Kamerhe, président national de l’Union pour la nation congolaise (UNC) et directeur de cabinet du Chef de l’État vient d’être renvoyé au 18 septembre pour « irrégularité persistante de la saisine ». Entre temps, ses avocats ont introduit la neuvième demande de liberté provisoire et attendent la suite dans les 48 heures.

Cependant, le Congolais lambda n’arrive effectivement pas à comprendre les raisons réelles de cet énième report, étant donné qu’il y avait du temps pour régulariser la fameuse saisine. Des questions oratoires qui demeurent pendantes.

A ce niveau, certaines officines justifient ce temps perdu à dessein pour évoquer des négociations hautement discrètes pour la libération du  » faiseur des rois » d’ici décembre. Pour les tenants de cette thèse, le tout se joue politiquement. Il sera envisagé d’autres reports jusqu’en décembre, après quoi, il sera constaté des erreurs décelées dans le dossier. Comme conséquences, Vital Kamerhe sera libéré. Une utopie mais qui peut s’avérer vrai dans le contexte d’un procès politique.

Toujours selon cette opinion, Tshisekedi aurait compris que son allié, Joseph Kabila a des tentacules, des racines pivotantes dures comme fer. Il a compris le jeu de son partenaire FCC qui avait, aux dires de Ramazani Shadary, tout fait pour que l’élu de Bykavu soit coffré pour fragiliser le Président de la République.

Si cette hypothèse se concrétise, les Congolais auront perdu vainement des journées entières à suivre en direct une parodie de procès dit de « 100 jours ». Et les étudiants en droit de se demander quelle leçon tirer des juges actuels.

Une autre opinion estime que le procès ne suit pas la procédure normale.  » Tout se planifie pour que le président de l’UNC reste en prison. Ces derniers observateurs évoquent des entretiens téléphoniques entre Kamerhe et Jamal qui éclaboussent. Les défenseurs de cette option certifient que le sort de l’ancien speaker de l’Assemblée nationale est déjà scellé.

Des pistes non négligeables

Une autre version parle des pourparlers entre l’UNC et le FCC. « La famille politique du Raïs tient à récupérer Kamerhe après avoir réussi à l’isoler de son allié Félix Tshisekedi. Voilà qui justifierait le défilé de mode des Ambassadeurs de Kingakati à la prison de Makala.

« Un éventuel retour de Kamerhe au FCC est possible« , révèle un cadre du PPRD. Il s’agira dans ce cas, d’un retour au bercail, mais avec toutes les conséquences. Oui, c’est possible en RDC où les alliances se font et se défont à longueur des journées.

Dans tous les cas, les reports des audiences ont une visée politique, rien avec les procédures juridiques ordinaires. C’est aussi ça qui justifie le rejet des demandes de liberté provisoire. Pour la neuvième fois, la défense Kamerhiste a sollicité une mise en libéré provisoire de son client, estimant que sa fuite n’est pas à craindre.

Voilà des scénarii des premiers essais de l’État de droit prôné par le nouveau pouvoir. Dans ce cas, Vital Kamerhe serait le premier échantillon sur qui le test de l’État de droit est effectué pour se rassurer de l’efficacité et l’effectivité de cet Etat qui peine. Lequel Etat est le malvenu pour les caciques qui ont pillé le Congo.

Par ailleurs, l’annonce du report de l’audience coïncide avec la nouvelle de la Covid-19 qui indique que le prisonnier Kamarhe a été testé positif au coronavirus. Un vendredi noir, alors que la veille, des cultes religieux ont été organisés à Kinshasa et dans certaines provinces pour implorer la miséricorde divine en faveur de la libération du chrétien catholique détenu à Makala, qui n’avait jamais abandonné son chapelet durant le procès.

Et certains chrétiens de se demander si toutes les prières de ce jeudi 20 août ne sont pas encore arrivées devant le trône céleste.

Et un combattant debout de l’Udps d’ironiser : des cultes pour que Dieu touche les Cours des juges en appel ? Non, l’un de dix commandements nous interdit de voler », a-t-il écrit sur sa page facebook.

Par Bajika Ndeba