RDC: La paix à quel prix ?
7 octobre 2020« La paix se gagne ». L’onde de choc prémonitoire de cette phrase de Mzee Kabila n’en finit pas de retentir. Et ce, plus de 20 ans après avoir été servie à des Congolais triplement agressés.
Cette paix-là se fait toujours désirer dans l’Est. En 2006 comme en 2011, Joseph Kabila a promis et (re) promis de la rétablir. Le fait que l’on continue à la chercher est la meilleure preuve que l’on ne l’a toujours pas retrouvée. Le fait que le Grand nord, l’Ituri… continuent à enregistrer des morts signés « groupes armés » est la preuve par l’absurde de l’absence de paix.
Avant même d’accéder au pouvoir suprême, Félix-Antoine Tshisekedi n’a pas été avare de promesses sur le front de la paix. Lui et son concurrent Fayulu avaient, l’un et l’autre, promis d’installer l’état-major de l’Armée et de s’installer à l’Est. Il y a eu des paroles du candidat enregistrées par la terre entière. Il y a des actes du Président constatés sur toutes les collines du Kivu.
Autant dire que près de deux ans après son accession à la magistrature suprême, la paix n’a pas cessé d’être la denrée rare qu’elle a toujours été depuis un quart de siècle. Feu François Mitterrand disait : « en matière de lutte contre le chômage, on a tout essayé« .
A-t-on tout essayé pour restaurer la paix dans l’Est de la RDC ? Là est le hic. Qui perturbe fondamentalement la paix ? Et pourquoi ? Sur quel bouton appuyer pour obtenir cette paix ?
Autrement dit, puisque la paix se gagne, quel est le prix à payer ? A vouloir la paix à tout prix, serions-nous disposés à l’avoir à n’importe quel prix ? A vil prix ? Au prix fort ? Et si cette paix s’avérait finalement hors de prix pour la RDC ? En d’autres termes, et si le prix à payer pour la paix n’était pas celui que par ignorance, par faiblesse, par compromission, par hypocrisie.. -c’est selon les dirigeants rd congolais ne peuvent ou ne veulent considérer, quid de l’avenir du pays ?
Sachant de quoi il parlait, « délit d’initié » obligeait, Laurent-Désiré Kabila évoquait « une guerre longue et populaire » et qui devait finir là d’où elle était partie. Avions-nous pris, depuis, la portée exacte de cette déclaration testamentaire ? Il finissait par lâcher : « Le complot est vaste ». Avant de conclure avec cette exhortation : « Ne jamais trahir le Congo ».
Mis bout à bout le verbatim martial du Président Kabila-père a valeur de diagnostic du drame qui se vit et sévit à l’Est du pays. En clair, la clé de la paix à l’Est est à chercher auprès de ceux qui, depuis le requiem de la guerre froide et la naissance du « nouveau monde », ont entrepris de remodeler -sans et contre les Congolais- le riche et vaste espace appelé RDC.
Une entreprise qui, localement, fait les affaires de certains de nos voisins et des groupes armés de service et/ou alliés objectifs. Minembwe est aussi un avatar de ce « grand jeu géostratégique » qui se déploie depuis… 1996. A partir de là, l’on peut comprendre le difficile grand écart de la Monuc devenue Monusco.
Question à notre « Fatshi national » qui arpente les collines du Kivu : la paix ? Mais quelle paix ? Et à quel prix ?
Par José Nawej