La traite des personnes se porte très bien en RDC
1 août 2021Dans le cadre de la journée mondiale pour la dignité des victimes de la traite des personnes célébrée, le 30 juillet de chaque année, la Police nationale congolaise (PNC) a dressé un tableau sombre des cas avérés et choquants de la traite de personne en Rd Congo. « La RDC est un pays de départ, de transit et de destination des victimes de traite des personnes », a affirmé le vendredi 30 juillet, le Colonel Tozi.
Par Stanislas NTAMBWE
La République démocratique du Congo (RDC) a célébré avec faste, le vendredi 30 juillet 2021, à Béatrice Hôtel de Kinshasa, la journée mondiale de la traite des personnes, organisée par l’Agence pour la prévention et la lutte contre la traite des personnes (APLTP) que dirige Maître Cécile Rebecca Meta Kasanda. La journée a été placée sous le thème : « Victimes de la traite des personnes en RDC, priorité de notre combat ».
Prenant la parole au cours de cette cérémonie, le colonel Tozi de la direction BCN INTERPOL de la Police nationale congolaise, a fait un état des lieux de ce crime odieux en RDC.
« En 2018, la PNC a réussi à faire rapatrier la victime qui était exploitée au Koweït dans les travaux forcés de ménage. En septembre 2020, interpellation d’un véhicule de type fourgonnette qui transportait 13 sujets indiens en séjour irrégulier et sans cartes de travail pour étranger, victimes de travaux forcés de construction dans une société de la place », a rapporté le Colonel Tozi. La même année, poursuit-il, la police a démantelé un réseau bien organisé à Goma, chargé de recruter des jeunes filles dont l’âge varie entre 14 et 18 ans, amenées à Kinshasa pour une exploitation des travaux forcés de ménage au profit de ladite agence.
D’après cet officier de la Police, plusieurs remises de police à police ont été effectuées, dans le cadre de la collaboration. Le cas le plus récent est l’arrestation, au mois de janvier 2021, de deux garçons âgés de 17 ans, engagés pour recruter les plus jeunes de leur province et les amener au Congo-Brazzaville afin de voler pour leur compte. « Les deux mineurs sont présentement en prison et les présumés recruteurs adultes sont en fuite », a affirmé le colonel Tozi.
Il ajoute que, dans le cadre des opérations du 28 mars au 02 avril 2021, le Secrétariat général de l’Interpol/Lion avait organisé l’« opération Weka ». Et la PNC a interpellé 27 expatriés dont 24 sujets libanais ; 2 syriens et un jordanien en séjour irrégulier, sans carte de travail et victimes d’exploitation de travaux forcés de construction dans une société de la place.
« Il y a encore du chemin à parcourir »
A Lufu (Kongo central) poursuit Tozi, la police a interpellé un fonctionnaire qui, après avoir soudoyé une dame a Kinshasa, va exploiter sa fille de 17 ans dans les travaux forcés de vente dans sa pharmacie pendant dix mois sans salaire et exploitation sexuelle. Toujours à Lufu, l’officier rapporte qu’une fille de 15 ans était enlevée, séquestrée et violée pendant quatre jours dans une forêt, par une personne inconnue. Au sortir de cette forêt, le rapport médical a attesté qu’elle était atteinte du Sida.
A Kenge, dans la province du Kwango, 07 corps sans vie de cinq hommes et deux femmes avaient été retrouvés dans la zone tampon RDC-Angola. Le constat d’usage a révélé « l’ablation des parties intimes et la gorge », ce qui amène la police à croire à une éventuelle vente des organes humains. « Le dossier est pendant au TGI/Kenge », a précisé le colonel Tozi.
Selon lui, les cas épinglés ci-dessus ne reflètent néanmoins pas la réalité sur le terrain. La situation serait encore plus pire qu’on ne le croit. « Il y a encore du travail à faire, du chemin à parcourir », a reconnu le colonel Tozi qui appelle à une forte mobilisation des ressources humaines et financières. Avant de conclure : « nous sommes très mobilisés à accompagner la vision du chef de l’Etat dans la traque féroce des trafiquants des êtres humains et leurs complices ».
A en croire ce rapport désolant des services de sécurité, tout porte à croire que la traite des personnes se porte très bien en RDC. Cependant, ce crime est très peu connu du grand public et souvent assimilé à bien d’autres faits tels que : la maltraitance ; le viol, l’exploitation sexuelle, les violences basées sur le genre…
D’où la nécessité de sensibiliser la population aux pratiques, à la prévention et au danger de la traite des personnes en RDC. C’est ce qui explique le lancement, la semaine dernière par l’APLTP, de la campagne de sensibilisation de la population sur toute l’étendue du territoire national.