Proxénétisme à Kinshasa: la RDC doit se doter d’une loi pour réprimer en procédure d’urgence le crime de traite des personnes

Proxénétisme à Kinshasa: la RDC doit se doter d’une loi pour réprimer en procédure d’urgence le crime de traite des personnes

18 novembre 2021 0 Par Rédaction

Un proxénète chinois, ses complices, les victimes ainsi que quelques clients ont été interpellés, depuis lundi 15 novembre et conduits au parquet de grande instance de Kinshasa/Gombe, avant d’être emmenés au Tribunal de grande instance de Gombe (TGI/Gombe) pour une information judiciaire en flagrance. La plupart des victimes sont des jeunes femmes chinoises, venues illégalement de Chine pour livrer des prestations sexuelles tarifées pour des clients étrangers et locaux.

« Il  y  a  plus  de  trois  mois, l’APLTP avait reçu une dénonciation  et  une  notification de l’existence de certaines résidences dans la commune de la Gombe et de boîtes de nuit, où les services sexuels  étaient  proposés  et  le paiement se faisait chez le propriétaire des lieux », a rapporté Mme Cécile-Rebecca Meta, au cours d’une conférence de presse tenue, le mercredi 17 novembre au siège de l’APLTP, structure rattachée à la Présidence de la République.

Me Cécile-Rebecca Meta, Coordonnatrice de l’APLTP

Elle affirme que, « c’est grâce à  la collaboration de  l’APLTP, à travers sa Commission technique restreinte  que  tous  les  services concernés  ont  été  alertés  et  des enquêtes ont été menées en toute discrétion afin de remonter la filière et n’agir qu’au moment opportun ».

Pris en flagrant délit dans une concession située au croisement des avenues Libération (ex-24 Novembre) et Mandarinier, dans la commune de Gombe, ces sujets chinois seraient en train de payer leurs clients après les rapports sexuels. Faits punis par l’article 174 du Code pénal et situation jugée également « inacceptable » par l’APLTP dont la coordonnatrice est montée au créneau pour dénoncer et condamner cette forme d’esclavagisme moderne.

Pour Me Cécile-Rebecca Meta, les présumés auteurs de ces actes doivent subir la rigueur de la loi et les victimes être indemnisées et rapatriées dans leur pays pour une réinsertion communautaire.

Cependant, la responsable de l’APLTP déplore le fait que la RDC ne dispose pas encore de texte de répression du crime de traite de personnes.

« Le procès des victimes chinoises est une illustration type de l’exploitation  de  la  prostitution d’autrui en vue de bénéficier des gains  financiers  », a-t-elle soutenu. Elle affirme que les filles chinoises sont recrutées par un réseau de trafiquants chinois, installés dans notre pays pour une activité économique ou professionnelle bien déterminée et en vertu de laquelle, un visa et un permis de travail leur est accordé par les services compétents.

En outre, Cécile-Rebecca Meta note que ces trafiquants se sont familiarisés avec les agents de certains ministères dont les Affaires étrangères, le Travail, l’Intérieur, etc. « Ces fonctionnaires congolais leur facilitent l’obtention de certains  documents  », a-t-elle précisé.

Nécessité d’une loi pour réprimer le crime

Il sied de rappeler que la RDC a, en octobre 2015, adhéré à la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée et à ses deux protocoles additionnels dont l’un visant à prévenir, réprimer et punir la traite de personnes, en particulier des femmes et enfants. Et l’autre, à prévenir et réprimer le trafic illicite des migrants.

Il sied de noter que le procès en cours au TGI/Gombe intervient au moment où le gouvernement congolais venait d’adopter, au cours de son Conseil des ministres du 12 novembre 2021, le projet de loi contre la traite de personnes. Ce projet de loi devrait être transmis au Parlement pour vote, avant sa promulgation par le président de la République.

Par Stanislas NTAMBWE