Les ONG de la société civile s’approprient la lutte contre la corruption en RDC
11 décembre 2022La RDC est classée 11ème pays le plus corrompu au monde et perd ainsi, plus de 27 milliards USD chaque année à cause de la corruption. Ce fléau, selon le Professeur Luzolo Bambi, est la « maison-mère de toutes les prévarications de crimes que la RDC connait aujourd’hui ». Ayant bien pris conscience de cette réalité, la Société civile de la RDC appelle à la mobilisation populaire pour aller en guerre contre ce virus qui gangrène toute la structure de la société congolaise.
L’appel à la mobilisation populaire contre la corruption a été lancé, vendredi 09 décembre 2022, au cours d’une conférence débat organisée par les Organisations de la Société civile de la République démocratique du Congo (RDC), en partenariat avec l’Inspection générale des finances (IGF). Ce, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la corruption, célébrée le 09 décembre de chaque année.
Placée sous le thème : « Zéro corruption, 100% développement », cette conférence est le début d’une série d’activités que prévoit la société civile dans sa diversité. Elle entend désormais s’approprier le combat contre la corruption, de la manière qu’elle s’est mobilisée pour dire non à l’agression rwandaise via le M23 et contre tout projet tendant à balkaniser le pays de Félix Tshisekedi.

Trois orateurs ont animé ladite conférence. Il s’agit du Professeur Florimond Muteba, président de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) ; du Professeur Luzolo Bambi, président du Comité scientifique d’élaboration de la politique nationale de justice transitionnelle et ex-Conseiller spécial en charge de la bonne gouvernance, lutte contre la corruption, financement du terrorisme et blanchiment des capitaux de l’ex-président, Joseph Kabila ; et du pasteur Erick Senga, porte-parole de l’Église du Christ au Congo (ECC).
Société civile et IGF engagées pour combattre la corruption
D’entrée de jeu, le président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO) et Vice-président de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Maître Jean-Claude Katende, a annoncé que les ONG de la société civile et l’IGF sont en partenariat pour mobiliser et conscientiser les Congolais pour que ces derniers s’approprient la lutte contre la corruption.
« Chaque fois qu’un mal nous menace, la solution c’est de nous mobiliser pour le combattre », a renchéri pour sa part, Luzolo Bambi. C’est aussi l’avis de l’IGF qui considère que, la lutte contre la corruption est une question collective et non individuelle. D’où, l’implication de toute la Société congolaise afin de parvenir à « zéro corruption ».
Dans sa présentation intitulée : « L’État congolais et la lutte contre la corruption : Où en sommes–nous ? », Luzolo Bambi soutient que, « la corruption est un phénomène essentiellement politique, il faut la combattre par la politique ». Il est convaincu que la guerre qui sévit dans la partie Est de la Rd Congo est tributaire de la corruption. « La corruption est la maison-mère de toutes les prévarications de crimes que la RDC connait aujourd’hui », affirme cet ancien ministre de la Justice. Ainsi, plaide-t-il pour l’avènement d’une justice transitionnelle qui est, de son point de vue, la seule solution pour relever le défi « zéro corruption, 100% développement ».
De son côté, le Professeur Florimond Muteba propose le renforcement, par l’État congolais, du contrôle des finances publiques. « Renforcer tous les contrôles, il n’y a pas que l’IGF, la Cour des comptes, le SENAREF, l’ARMP, DGCMP et surtout, comme nous sommes dans une année électorale, voter différemment », a fait observer le président de l’ODEP, qui a par ailleurs, loué le travail de l’IGF et de l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC), deux services de la Présidence de la République.
La recette de l’ECC à trois niveaux
Par ailleurs, le porte-parole de l’ECC a dévoilé les trois niveaux de mécanismes de lutte contre la corruption, mis en place par son église pour endiguer ce mal profond. « L’ECC met en place des groupes d’actions de gouvernance participative pour l’éducation et la sensibilisation de nos populations ; le réseautage avec les autres organisations et, le troisième, c’est le niveau institutionnelle », a expliqué le pasteur Erick Senga.
Ainsi, pour rendre la conférence plus participative, un débat a été avec l’auditoire qui a posé toutes les questions possibles en rapport avec le thème du jour.
Le 9 décembre a été déclaré : Journée internationale de lutte contre la corruption, afin de sensibiliser le monde entier à ce fléau et pour faire connaître le rôle de la Convention en matière de lutte et de prévention.
Par Stanislas NTAMBWE